A l’occasion du lancement de facebook places, outil de géolocalisation, Facebook a beaucoup communiqué sur la confidentialité.
Pourtant, encore une fois, le procédé est douteux : Facebook annonce que le réglage de confidentialité est paramétrable.
Le problème est que, par défaut, les paramètres permettent le partage de la position des utilisateurs, via l’application Iphone et via l’interface touch.facebook.com .
Dans les paramètres de confidentialité, deux nouveaux réglages (dont un caché) ont donc fait leur apparition :
Le réglage « Lieux dans lesquels j’indique me trouver » est par défaut ouvert à tous mes amis.
Le deuxième réglage « M’inclure dans la liste des personnes présentes – Les amis et personnes qui ont indiqué se trouver à proximité peuvent voir cela » est aussi activé par défaut.
Autre problème : ce réglage est caché et est visible qu’en mode modification.
Nous sommes donc dans un système d’opt-out actif, ce qui est assez gênant pour la confidentialité, surtout quand on sait que 30% des 15-24 ans ne gèrent pas les paramètres de confidentialité.
Certes, les utilisateurs de facebook sont souvent dans une logique de représentation, de théatralisation de leur vie privée.
Mais avec l’outil de géolocalisation par défaut et vu le nombre d’utilisateurs de facebook (500 millions d’utilisateurs, ce qui fait quand même 1 humain sur 13 sur la planète !), cela va créer forcément de nombreux problèmes.
On imagine facilement des histoires rocambolesques dont la presse se fera sans aucun doute les choux gras :
Une femme qui découvre avec facebook places que son mari n’est pas en séminaire management à Toulouse mais au resto dans une autre ville; avec qui ? Sa maîtresse pardi !
Un patron qui s’aperçoit que son employé n’est pas en déplacement chez un client mais au café des sports d’en bas.
Mais ce type d’exemple est peu significatif des enjeux de ce nouvel outil . Car nul doute que ceux qui doivent faire attention à leur confidentialité sur les réseaux sociaux sauront changer leurs paramètres.
Certains disent que la menace du respect de la vie privée existait bien avant les réseaux sociaux, avec les téléphones portables, la vidéosurveillance et les paiements par carte bleue.
C’est vrai, mais pas à cette ampleur.
La problématique est finalement de savoir qui a accès à des informations d’ordre privé.
Avec la géolocalisation, qui a accès à ma position ?
Avec un téléphone portable, on va dire qu’en théorie, notre opérateur peut nous localiser en temps réel.
Et après ? A part si l’on fait l’objet d’une enquête policière, l’utilité n’est pas très grande.
Idem pour la vidéosurveillance. Idem avec les paiements par carte bleue, même si ce n’est pas du temps réel.
Ce qui est nouveau avec la géolocalisation sur les réseaux sociaux et notamment facebook places,
c’est qu’un utilisateur de facebook peut, sans aucune action de sa part ni sans avoir la volonté de le faire, communiquer sa position actuelle à un très grand nombre de personnes.
En fait, les enjeux dépendent de la façon dont facebook agira :
Il faut espérer que lorsque facebook places sera disponible en France, facebook informera tous les utilisateurs avec un message à l’ouverture de session annonçant le nouveau service et la possibilité de modifier ses paramètres de confidentialité.
Si tel est le cas, l’outil aura une utilité limitée car la plupart des gens désactiveront sans doute la géolocalisation : facebook places sera utile pour ceux qui souhaitent faire des rencontres par exemple.
Mais si facebook reste sur le mode de l’opt-out actif, il y aura un très grand nombre d’utilisateurs géolocalisés.
Dans ce cas les conséquences seront majeures :
Pour les entreprises, ce sera un formidable outil commercial (favorisant par exemple l’achat compulsif), y compris pour les commerces de proximité qui sont pour l’instant moins actifs sur les réseaux sociaux que les grandes marques.
Il est donc clair que l’enjeu publicitaire et donc financier est tel pour facebook que le réseau social devrait « pousser » le service auprès des utilisateurs.